Si la pièce est une commande liée au piano préparé de John Cage, il s’agit pourtant de déconstruire l’idée du concert dansé. Lenio Kaklea veut délier le face-à-face habituel de la danse et de la musique, faire du piano un élément autant visuel et architectural que musical, avec l’appui de l’éclairagiste Jan Maertens. John Cage écrit ces Sonates et Interludes entre 1946 et 1948, au sortir de la guerre, lorsque la modernité se cherche dans des élans d’égalité, de sécurité et de renouveau. Ces courtes pièces expriment les neuf émotions de l’esthétique indienne qui inspire les recherches du compositeur à ce moment. Lenio Kaklea les a travaillées en étroite collaboration avec les partitions de Cage et le pianiste Orlando Bass.
La chorégraphe s’inspire des nombreuses danses qui s’inventent au moment où Cage prépare son piano (danse moderne, jazz, Broadway,…). Elle examine aussi les échanges concrets qui se jouent entre formes esthétiques et mouvements sociaux, entre corps dansants et corps politiques, appliquée à interroger notre temps : celui d’un futur menacé par une crise sociale, intime et écologique sans précédent. Avec l’idée de peut-être panser des blessures, et oser penser un monde pour demain.