Considérant le jeu en tant que phénomène global et actuel déterminant, The Seashore of Endless Worlds appelle à mettre en jeux des questions de société en explorant les conditions actuelles, issues de la théorie des jeux et de la gamification, de crises généralisées et planétaires. Au-delà du simple divertissement et de la distraction, nous envisageons le jeu comme un processus capable de sonder et de comprendre le monde. Non seulement les jeux constituent une majeure partie de l’industrie culturelle et suscitent des esthétiques populaires, mais ils sont aussi désormais reconnus pour leurs pouvoirs de simulation, d’entraînement et de génération de réalités physiques, sociales, économiques et politiques.
Entre mouvement et contrainte, participation et sujétion, identité et avatar, le déploiement et la redéfinition mutuelle de ces termes est ouvert aux recherches des artistes, collectifs, et chercheur.euse.x.s. Les participant.e.x.s. travaillent ici différents usages du jeu pour rendre sensible et matérialiser des situations et des enjeux du présent : diversité, économie, environnement, géopolitique, numérisation… Leurs jeux permettent d’exposer et de repenser de manière dynamique les règles et les buts communs qui modèlent la société.
L’exposition convie à imaginer de nouveaux modes de contribution et d’inclusion, de réflexion collective, de responsabilité et d’action, ainsi qu’à expérimenter de nouvelles formes d’échanges entre publics et œuvres. Des propositions artistiques, activées lors d’ateliers coopératifs, invitent à saisir les virtualités, parfois ambivalentes, du jeu comme outil critique et fiction générative pour engager la complexité du monde et ses réalités.
Comme le suggère le titre, en référence au poème de Rabindranath Tagore sur les jeux des enfants sur le rivage, le jeu convoque des espaces potentiels où l’imaginaire et le réel s’informent mutuellement en tant que créativité, solidarité et soin. Les jeux accompagnent le processus, fondamentalement trans-humain d’hominisation, réinscrivant l’existant en extension avec ses virtualités par lesquels celui-ci s’invente – matières, objets techniques, plus qu’humains… Plutôt que de constituer une catégorie d’objets définis ou des traits figés, universels et intemporels propres à toutes les cultures, les jeux permettent à celles-ci d’évoluer au travers de réalités dont ils développent à la fois une description et une formation.
Si les jeux supportent la construction de mondes en tant qu’ensembles de relations et systèmes de règles – plus ou moins arbitraires, contingentes et changeantes – ils sont aussi mis en mouvement par des processus qui les ouvrent (marge de manœuvre) voire les dépassent (hors-jeux, règles cachées) et mis en tension en tant que world-engine et méta-jeux. Quels jeux se jouent ? Qui produit les règles ? Les joueurs sont-ils joués ? À l’intersection entre matérialisme et spéculation, instruments de pouvoir, mais également moteurs d’émancipation, ils nous permettent d’exposer et de questionner des logiques et des rationalités rendues de plus en plus polémiques et déterministes, et procèdent de questions et de résolutions éminemment esthétiques.
FTW, Christian Bili & Samuel Wagen-Magnon
avec:
0x Salon , Ahmed Isam Aldin, David Blandy , Joshua Citarella, Crude Futures, Nolan Oswald Dennis, Simon Denny, Andreas Dobler, Giulia Essyad, Axelle Grégoire, Half Earth Socialism, Olivia Hernaïz, Rok Kranjc, Paul Loubet, Finn Massie, Constanza Mendoza, Cullen Miller, Moving Castles, Nicolas Nova, Omsk Social Club, Sara Rutz, Kirill Savchenkov, Sammy Stein, Trickster-p, Ilaria Vinci, Elsa Werth, Paulo Wirz