Melania Mazzucco est l’une des écrivaines les plus connues de la littérature italienne contemporaine. Elle nous parle des relations aussi fascinantes que complexes qui lient les mots et les images, l’invisible et le visible.
Le secret de la littérature, la source de ses pouvoirs autant que de ses tourments, est de se situer à la croisée du visible et de l’invisible. Italo Calvino le savait bien, lui qui a écrit Les villes invisibles alors que l’une de ses Leçons américaines est paradoxalement consacrée à la visibilité, et que toute sa vie il s’est intéressé aux arts visuels, au cinéma et à la photographie.
Cette démarche de la systématique et de l’observation comme source de créativité est aussi présente dans l’œuvre de Melania Mazzucco. En 2014 elle signe Il museo del mondo, soit 52 récits sur 52 tableaux célèbres, toutes époques confondues. En 2022, elle réitère la démarche, mais cette fois elle ne se penche que sur des œuvres réalisées par des artistes femmes. Cette galerie de textes, née d’une émission radiophonique pour la Radiotelevisione Svizzera Italiana, est publiée sous le titre Self-Portrait.
Une séance de dédicace clôt notre soirée en compagnie de l’autrice.
Melania Mazzucco
Née en 1966, Melania G. Mazzucco est une écrivaine italienne au parcours jalonné de grands prix littéraires. Elle est l’autrice d’une dizaine de romans, traduits en 29 langues. Parmi ceux-ci, citons Lei così amata (2000) sur la vie d’Annemarie Schwarzenbach, Vita (2003) sur l’émigration italienne aux États-Unis qui a reçu le Prix Strega, la distinction littéraire la plus prestigieuse du pays, La lunga attesa dell’angelo (2008) sur le rapport entre le peintre Tintoret et sa fille, ou encore L’architettrice (2019) sur Plautilla, la première femme architecte de l’époque moderne.
Francesca Serra
Professeure de littérature italienne à l’Université de Genève et doyenne de la Faculté des Lettres. Francesca Serra est spécialiste de la littérature du 18e et du 20e siècle. Elle s’est occupé en particulier de l’essor de la figure de la lectrice dans l’époque moderne et du rôle des images, qui lient la beauté et la mort au féminin, dans nos constructions culturelles et esthétiques.