Correspondances est une nouvelle performance de Mira Mann qui s’inspire de la pionnière de la danse moderne nord-coréenne Choi Seung Hee (1911–1969), considérée comme la première danseuse coréenne à mener une carrière internationale. Mira Mann revisite la façon dont l'œuvre de Choi Seung Hee s’est tissée dans l’emprunt aux traditions folkloriques inter-asiatiques, mettant en avant la recherche de points d’ancrages sur le continent, à l’heure où celui-ci était remodelée par les puissances impériales. Dans cette lecture, Mira révèle aussi le folklore comme possible refuge du queer et du détournement des genres. Si Correspondances récupère l’Asie et le folklore comme méthode, la performance en révèle aussi le double tranchant: cette approche fut aussi un outil d’adaptation et de survie, une manière pour Choi Seung Hee de se faufiler entre les mailles d’une industrie exotisante, en rejouant, et parfois déjouant, les projections coloniale.
Conçue en dialogue à trois voix avec la performeuse Paula Pau et le batteur Domi Chansorn, Correspondances reprend une chorégraphie de Choi nourrie par la tradition martiale de la danse du couteau et de l’éventail. Cet élément - l’éventail - se déploie dans la pièce au-delà de la citation chorégraphique, à travers une présentation d’éventails révolutionnaires du XVIIIe siècle issus de la collection du Musée d’art et d’histoire. Devenus panorama portatif, ces éventails se présentent ici comme support d’expression politique et instruments de dévoilement, autrement dit, des mises en scène du soi.
Dans le cadre de la résidence au MAH First impressions de Jade Meili Barget