En 2022, Encantado émerveillait la scène de La Bâtie. Les danseuses et danseurs de Lia Rodrigues transformaient fripes et chiffons en jardins luxuriants, donnant ainsi naissance à un éden de résistance et de réconciliation. Installée depuis plus de vingt ans dans la favela de Maré – l’une des plus grandes de Rio de Janeiro –, la chorégraphe brésilienne y a fondé une école de danse et un centre d’art. Dans ce lieu traversé par les violences sociales et les inégalités, elle bâtit un espace d’émancipation par la création. Ses spectacles, portés par ses élèves et collaborateur·rices, sont marqués par cet engagement profond, cette manière de faire de l’art un acte de résistance. Et Borda exauce les vœux d’unité qui animent les pièces de Lia Rodrigues. Qui entend « borda », aujourd’hui, comprend « frontière, barrière, ce qui divise ». Mais « borda », nous rappelle-t-elle, signifie également « broderie, décoration, enluminure ». En tissant une broderie là où les lisières bougent, flottent et dansent, les dix interprètes issu·es de son école et centre d’art créent une zone poreuse d’altérité fluide brodée de rêves. Car la « borda », c’est aussi le lieu de l’imagination, du fantasme.