Jour et Nuit
Jour et Nuit traite des cycles de la vie, des dichotomies, de la continuité et des rythmes de l’univers. C’est également le titre de l’une des œuvres les plus importantes de Madeleine, réalisée au cours d’une carrière de soixante ans. Il s’agit d’une œuvre complexe dans laquelle le monde est capturé à travers les couleurs, les matériaux, les textures et les gestes.
Dans cette exposition, Jour et Nuit nous fera parcourir la longueur et le cycle d’une pratique picturale de toute une vie, une vie dans laquelle la certitude de la création était aussi sûre que la connaissance qu’à la tombée de la nuit un autre jour émergerait quelques heures plus tard. En examinant l’œuvre de Madeleine, c’est cette culmination de contrastes qui se détache : les cycles et la continuité de la vie et de la mort, de la lumière et de l’obscurité, du sucré et de l’amer.
L’œuvre de Madeleine Spierer a toujours exploré l’axe entre le monde intérieur et le monde extérieur, un espace liminal qu’elle investit depuis l’âge de douze ans, lorsqu’elle commence à dessiner et à peindre. Au fil des ans, on observe une évolution dans sa pratique où les traces deviennent de plus en plus brutes. Elle peint avec de la terre, du sable et des pigments, fait des taches, déchire le papier et imprime de manière irrégulière, tout cela faisant partie d’une fidélité à son processus intérieur, matérialisé dans le monde.
Tout au long de sa carrière, Madeleine a osé explorer bien au-delà de ce qui est beau, agréable ou confortable. Dans ses œuvres, elle explore une grande variété de techniques, de matériaux et de supports, sans limites imposées par la convention.
À Villa Dutoit, dans plusieurs salles, les visiteurs sont invités à découvrir l’étendue du travail de Madeleine, allant des peintures à l’huile, des œuvres en techniques mixtes, des dessins et monotypes aux masques sculpturaux qui font partie de l’installation Cosmos i Gruta, réalisée à La Bisbal de l’Empordà. L’exposition présente également des dessins de grand format qui marquent des étapes importantes de sa carrière.
Plus qu’une rétrospective, cette exposition est une célébration d’une vie consacrée à l’élan de créer et de la remarquable cohérence de ce parcours. Elle représente également la clôture d’un cycle au sein duquel de nombreuses personnes ont travaillé ensemble pour garantir que l’œuvre de Madeleine reçoive l’attention qu’elle mérite.
Par-dessus tout, le plus grand souhait de Madeleine était que son œuvre soit vue. Elle ne créait pas uniquement pour s’exprimer mais était profondément intéressée par l’interaction avec le spectateur. Dans nombre de ses derniers écrits, elle soulignait son désir de partager son art avec le monde. C’est un geste qui consiste à faire passer son œuvre de l’obscurité à la lumière.
Sana Lopez Abellan
Curatrice de l’œuvre de Madelaine Spierer
Née en 1926 à Trieste, Madeleine Spierer appartient à une génération d’artistes qui, bien qu’ayant consacré toute leur vie à l’art, ont toujours, en raison des circonstances de l’époque, évolué en marge du monde artistique.
Sa relation avec l’artiste Bram van Velde souligne cette position ambiguë, très proche des noyaux de l’art mais en même temps éloignée. Ce n’est qu’aux années quatre-vingt-dix, déjà à un âge mûr, qu’elle commence à exposer, principalement à Genève et à Bâle, en Suisse. Au cours de sa vie, ayant grandi à Genève (en raison de la Seconde Guerre mondiale), elle voyage beaucoup à Paris, Madrid, Oslo et passe de longues périodes à New York et au Salvador. En 2013, à l’âge de 88 ans, elle décide de s’installer en Catalogne, en Espagne, pour réaliser une œuvre vaste et significative dans un appartement à Bisbal d’Empordà.
Avec l’aide d’amis, d’assistants et de collaborateurs, elle réalise l’installation COSMOS & GRUTA, entièrement en papier et en papier mâché, pendant quatre ans.
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