Pauline Sales fait partie des grandes voix du théâtre contemporain. Son écriture va droit à l’humain et droit au présent, débusque sans dénoncer, mord là où ça fait du bien. En 2014, avec le metteur en scène Jean Bellorini elle avait créé à Am Stram Gram le splendide Cupidon est malade, adaptation libre du Songe d’une nuit d’été. C’est en qualité d’écrivaine et de metteuse en scène que nous la retrouvons aujourd’hui en création.

Normalito sera répété dans nos murs, avec un trio d’interprètes qui promet de vous scotcher à celui des toilettes. Lucas, 10 ans, est ce qu’on appelle un garçon normal, vraiment normal. Ni beau, ni moche, Q.I. dans la moyenne, il vit avec ses parents de la classe moyenne. À force de n’avoir rien d’extraordinaire, Lucas se sent carrément trop normal, voire normal nul. Il va croiser Iris, l’Enfant Zèbre, petite précoce issue d’une famille qui se serait bien passée d’avoir une fille pas comme les autres.

Leur rencontre? Pas tout à fait un fleuve tranquille. Un jour, à cause d’une embrouille de plus, ils vont partir. Près de la gare centrale. Et dans la gare centrale, il y a Lina, la dame-pipi, qui a l’air elle aussi super normale, sauf que. Bref. Lina n’est peut-être pas la femme invisible à qui on jette une pièce jaune. C’est plus compliqué que ça.

Est-ce donc si difficile de s’avouer normal? Comment rendre la normalité désirable? Comment interroger un concept qui varie selon les individus, les familles, les pays, les coutumes, les mœurs, l’époque? Comment, dans une société, assumer sa non-singularité? Supporter les parents qui aimeraient voir dans chacun.e de leurs rejetons un.e enfant à haut potentiel, un.e génie méconnu.e? Et s’il existait encore des êtres qui n’aient pas le désir de leur quart d’heure de célébrité? Normalito, notre super-héros supernormal.