Opéra de Giuseppe Verdi
Version française en cinq actes, créée le 11 mars 1867 à Paris
Dernière fois au Grand Théâtre de Genève dans la version parisienne en 1962-1963
Nouvelle production
Direction musicale Marc Minkowski
Mise en scène Lydia Steier
Scénographie et vidéos Momme Hinrichs
Costumes Ursula Kudrna
Lumières Felice Ross
Dramaturgie Mark Schachtsiek
Direction des chœurs Alan Woodbridge
Don Carlos, Infant d’Espagne Charles Castronovo (15, 17, 21, 24 & 26 septembre 2023) | Leonardo Capalbo (28 septembre 2023)
Philippe II, roi d’Espagne Dmitry Ulyanov
Élisabeth de Valois Rachel Willis Sørensen
Rodrigue, marquis de Posa Stéphane Degout
La princesse Éboli Eve-Maud Hubeaux
Le Grand Inquisiteur Liang Li
Thibault Ena Pongrac
Un moine William Meinert
Le Comte de Lerme Julien Henric
Une voix céleste Giulia Bolcato
Les Députés de Flandre Raphaël Hardmeyer, Avram Benjamin Monfolean, Joé Bertili, Edwin Kaye, Marc Mazuir, Timothée Varon
On ouvre la saison avec le Verdi de la maturité, le Verdi politique puisque c’est avec Don Carlos qu’on attaque. Guidés par le chef Marc Minkowski, pour continuer ensemble l’exploration du continent du Grand Opéra français après Les Huguenots (2020) et La Juive (2022). Même si la dernière œuvre parisienne de Verdi aura rencontré le succès surtout dans sa forme italienne, elle-même traduite en grande partie du français. Cependant la version originale retrouve de plus en plus sa place dans le répertoire des maisons lyriques montrant un Verdi qui s’empare avec génie du style de l’opéra français. En 1867, Giuseppe Verdi est au faîte de sa carrière ; il a déjà plus d’une vingtaine d’opéras derrière lui et accepte à contrecœur cette nouvelle commande de l’Opéra de Paris. Après une période très difficile de création, où la pièce ne semble pas trouver sa maturité finale, le maître nous laisse le choix des multiples versions de cet opus magnum. C’est la pièce de Friedrich Schiller, Don Karlos, Infant von Spanien, créée 80 ans plus tôt, qui servit de trame au compositeur et à ses librettistes successifs. Pays de l’honneur et de la démesure, l’Espagne de Philippe II, dominée par l’Inquisition omniprésente, sert de décor aux personnages de l’idéal esthétique du Sturm und Drang de Schiller. Entre sentiments et idéologies, Verdi s’empare de ces personnages pour écarteler les coulisses du pouvoir et dénoncer le fanatisme religieux, mais aussi rendre plus humaines leurs contradictions sinon leurs actions.
La metteure en scène Lydia Steier, qui nous avait offert Les Indes galantes en 2019, revient cette fois armée d’une fresque sur l’absolutisme et la culture du secret. Dans une société dystopique où chaque fait, chaque geste est enregistré et rapporté et peut être utilisé à tout moment contre chacun, les personnages survivent en teintes jaunes. Loin de la vérité́ et de tout idéalisme, ils sont habités par la peur dans cet univers sombre et claustrophobique où même le roi Philippe II, incarné par la basse russe Dimitry Ulyanov (que l’on retrouve après Guerre et Paix, La Juive et Lady Macbeth de Mtsensk), ne semble pas être seul au pouvoir. Le Marquis de Posa, le célèbre baryton français Stéphane Degout, se transforme en un dangereux politicien chez qui l’opportunisme semble avoir dévoré́ toute trace d’optimisme, de même que chez l’intrigante Princesse Éboli de la mezzo Suisse romande Ève-Maud Hubeaux, étoile montante du firmament lyrique. Le malheureux couple Don Carlos / Élisabeth de Valois sera interprété́ sous ces auspices funèbres par les Étasuniens Charles Castronovo et Rachel Willis-Sørensen.
Chœur du Grand Théâtre de Genève
Orchestre de la Suisse Romande