Alberto Nessi déploie une œuvre grave et lumineuse, composée de romans et de poèmes. Sobre, minimale, précise, sa poésie touche le mile avec grâce et une délicatesse qui ose regarder en face ce qui désagrège notre société. La guerre, les laissés-pour-compte, les petites gens – sans qui rien pourtant n’existerait – peuplent ses textes. Tout comme la nature et son infinie beauté, les fleurs et les oiseaux y trouvent leur place. Alberto Nessi a aussi traduit vers l’italien, notamment des textes de Gustave Roud. Si les deux écrivains n’ont pas grand-chose en commun, ils partagent cependant une attention à l’infime qui habite notre ordinaire, au paysage, à l’autre et à l’altérité.
« La poésie est pour moi un exercice d’humanité », dit Alberto Nessi, une humanité qu’il raconte avec une sensibilité chavirante dans des textes qui ont pour boussoles l’espoir et la justice, qui chantent la simplicité, qui rendent hommage aux insoumis, à celles et ceux que l’on relègue dans les marges, aux fantômes qui occupent nos cœurs.
En amont de la rencontre avec Alberto Nessi, le photographe Nicolas Crispini nous convie à une visite commentée de l’exposition des photographies de Gustave Roud. Ce fin connaisseur de l’œuvre visuelle du poète a dirigé la publication de Terre d’ombres, consacrée aux photographies de Roud qu’il a également montrées dans Objectifs Terre, une exposition qu’il a signée au MEG, en 2003.
Alberto Nessi
Né en 1940 Alberto Nessi vit à Bruzella. Il a étudié à la Magistrale de Locarno et à l'Université de Fribourg. Il est traduit en plusieurs langues.
Il a publié, notamment Corona Blues Diario dell'anno (2020, Casagrande), qui a également paru en français et en allemand ; et La seconda bellezza (Interlinea). En 2016, il est récompensé par le Grand Prix suisse de littérature.
Nicolas Crispini
Né à Genève en 1961, Nicolas Crispini est photographe, iconographe, graphiste, responsable éditorial et commissaire d'exposition. Sa réflexion artistique repose sur les thèmes du temps, de la présence et du fragment.
Depuis une vingtaine d'années, l'artiste photographie son ombre et s'interroge en particulier sur ce qu'est la temporalité, le détachement et le dépouillement.