Antonio Caldara est âgé de 23 ans quand il publie son Opus 1 en 1693. C’est une démarche particulièrement audacieuse, si l’on prend conscience que la sonate en trio représente une forme «moderne» qui vient d’être portée à l’ébullition par les trois premiers Opus de Corelli, pris partout comme modèle.
Il faut donc être sûr de son talent et de sa capacité à innover pour s’exposer ainsi au monde musical !
Tout en reprenant la forme en quatre mouvements de la Sonata da chiesa dans l’Opus 1 et celle da Camera (trois danses introduites par un Prélude) dans l’Opus 2, Caldara se distingue de Corelli sur plusieurs plans. Les dimensions des différents mouvements sont élargies par des développements harmoniques soutenus et une créativité discursive alliant virtuosité, imitations contrapuntiques et effets se rapprochant du concerto grosso.
Les sonates pour violoncelle sont rédigées dans un tout autre contexte, plus de 35 ans après la publication de l’Opus 2. Écrites pour un noble, le Comte Rudolf Erwein de Schönborn-Wiesentheid, elles apparaissent comme des œuvres de maturité démontrant le tout le savoir-faire technique de Caldara, lui-même musico di violoncello, mais aussi l’exceptionnelle vocalité acquise au fil des innombrables compositions vocales qui séparent ces recueils.
En effet, la musique instrumentale semble presque marginale à côté des 3400 œuvres vocales qu’il a composées dans les multiples Cours où il a travaillé, de Mantoue à Vienne en passant par Rome. Elle est pourtant le témoignage d’un talent non seulement précoce, mais d’un des plus influents musiciens de la période baroque…