Lena-Lisa Wüstendörfer direction
Michael Barenboim violon
Antonio Vivaldi
Concerto Grosso n° 6 en la mineur, op. 3
Hermann Suter
Concerto pour violon en la majeur, op. 23
Felix Mendelssohn Bartholdy
Songe d’une nuit d’été, op. 61 (extraits)
George Templeton Strong
Le livre d’images, suite n° 3
Hermann Suter (1870, Kaiserstuhl – 1926, Bâle) fut l’un des compositeurs les plus importants de Suisse. Il a marqué le paysage musical de son pays. Il a présidé le Basler Gesangverein ainsi que la Liedertafel et a dirigé pendant plus de vingt ans les concerts de l’Allgemeine Musikgesellschaft Basel, jusqu’à sa mort soudaine en 1926. De 1918 à 1921, il dirigea également le conservatoire de Bâle. En tant que chef d’orchestre, il fut un fervent défenseur de compositeurs contemporains et interpréta notamment des œuvres de Richard Strauss, Igor Stravinsky, Arnold Schönberg, Béla Bartók et Arthur Honegger. En 1913. l’Université de Bâle lui attribua le titre de Docteur honoris causa.
Dans ses programmes, Suter mettait un point d’honneur à mettre en avant des lignes de développement couvrant de longues époques, afin de «réjouir le public mais aussi de le guider sans avoir l’air de l’instruire». Le Swiss Orchestra reprend cet idéal dans le programme du Tour #6 et juxtapose le Concerto pour violon en la majeur, op. 23, de Suter, de style romantique tardif, au Concerto Grosso n° 6 en la mineur, op. 3, d’Antonio Vivaldi. Suter avait également choisi cette association lors de la deuxième représentation du concerto pour violon, qui eut lieu en février 1922, un mois après sa création par Adolf Busch, à qui ce concert était dédié.
Mais nous allons encore plus loin que cette alliance originale entre romantique tardif et haut baroque: la mort de Beethoven déchaîne une âpre bataille dans le monde musical, pour savoir si l’avenir de l’art sonore résidait dans la «musique pure», c’est-à-dire exclusivement instrumentale, ou dans des compositions narratives. Ainsi, nous présentons les deux œuvres «absolues» de Suter et de Vivaldi avec des extraits du Songe d’une nuit d’été de Felix Mendelssohn Bartholdy et la suite Le livre d’images de George Templeton Strong, deux compositeurs caractérisés par leur langage musical imagé mais aussi par une musique programmatique.
George Templeton Strong est un compositeur genevois d’origine américaine, né en 1856 à New York. Après plusieurs séjours, il finit par s’installer en Suisse en 1897, où il résidera jusqu’à sa mort en 1948 à Genève. En 1918, Strong est élu au Comité du Conservatoire de musique de Genève, où il soutient bénévolement la promotion de jeunes talents. Personnalité détonante du monde musical de la Suisse occidentale de son époque, Strong fut reconnu en tant que tel entre son 75e et son 90e anniversaire, à l’occasion de concerts et réceptions du Conservatoire de Genève organisés tous les cinq ans. Amateur des montagnes suisses, il s’adonne à la peinture à l’aquarelle, écrit plusieurs poèmes symphoniques et des pièces de musique de chambre. Ces deux arts s’entremêlent dans l’œuvre de Strong, comme on peut notamment le constater dans son Livre d’images, harmonieux et haut en couleur, aux titres évocateurs: «Jack le tueur de géants», «Les rêves de Cendrillon» et «Cortège oriental». L’œuvre Le Livre d’images, suite n° 3, a été éditée pour la première fois en 2020 par le Genevois Didier Gobel à partir des manuscrits originaux détenus par la bibliothèque universitaire. Cette retranscription restitue pour la première fois le troisième mouvement, «Cortège oriental», dans sa version originale pour orchestre de chambre.