Chaque année, nous franchissons plus tôt le jour du dépassement, moment où nous avons consommé toutes les ressources dont la Terre dispose pour une année. Nous vivons ensuite à crédit, épuisant encore un peu plus les réserves naturelles mettant des milliers d’années à se reconstituer. Il est donc naturel que les effets s’en fassent aujourd’hui ressentir. Les étés s’étirent devenant de plus en plus torrides, les vagues de chaleur battent des records tandis que les hivers, que nos ancêtres décrivaient comme rigoureux et enneigés sont dépossédés de leur précieux manteau blanc. Les saisons semblent se fondre les unes dans les autres, perturbant les équilibres que nous avons longtemps pris pour acquis.
Nous habitons, parcourons, modifions les territoires mais nous ignorons trop souvent leur nature et la façon dont ils sont constitués. Nos histoires d’aujourd’hui et de demain doivent pourtant se construire en harmonie avec les milieux qui nous abritent malgré les bouleversements que nous leur faisons subir depuis des décennies maintenant. L’urgence à laquelle nous faisons face nous oblige à agir. Nous devons réapprendre à connaître les écosystèmes et les géographies que nous habitons, à travers un prisme nouveau, en tâchant de nous défaire des perceptions du monde moderne que nous avons intégrées et qui altèrent notre regard. Cette quête de transformation et de remise en question de nos pratiques impacte profondément la production des étudiants en école d’architecture, tels que les projets ici présentés qui cherchent à proposer des outils théoriques et conceptuels innovants d’adaptation à travers un travail de transition de territoires face au changement climatique, de la Camargue aux Vosges.