En 1930, dans le journal très catholique Le Petit Vingtième, Hergé envoie son jeune reporter au Congo. Propriété personnelle du roi Léopold II jusqu’en 1908, le Congo est alors officiellement une colonie belge. Le jeune Hergé, qui du haut de ses 23 ans n’a encore jamais voyagé, est alors sous l’emprise intellectuelle de l’Abbé Norbert Wallez, un géant charismatique proche de Maurras et de Mussolini. L’album, Tintin au Congo, sortira en 1931 et restera le plus vendu de la collection, y compris en Afrique, malgré diverses polémiques et interdictions, et ce dès les années 1960. Hergé, revisitant inlassablement son œuvre cherchera toujours à prendre ses distances avec le jeune homme naïf qu’il était alors et avec cet album à la réputation sulfureuse. Mais, malgré ses efforts évidents de lisser son image publique, changera-t-il vraiment ?
En d'autres termes, Hergé, père de Tintin, précurseur de la bande dessinée moderne et maître de la ligne claire était-il paternaliste, colonialiste, voire raciste ? Ou n’était-il que le témoin un peu naïf d’une époque dont les valeurs appartiennent résolument au passé ?
À partir de la biographie d’Hergé et de l’œuvre elle-même, le conférencier tentera d’apporter une réponse nuancée à une question qui agite le monde de la BD depuis des décennies.
Tombé dans la marmite de la Bande dessinée dès qu’il a su lire, Pierre-Yves Jetzer a enseigné les arts plastiques et l’histoire du cinéma au secondaire supérieur genevois. Collectionneur passionné, il possède de nombreuses éditions de Tintin et a eu la chance de rencontrer Hergé sur le plateau des « Oiseaux de Nuit » de Bernard Pichon en 1975.