Jonathan Nott direction
Christiane Karg soprano
Igor Stravinski
Le Sacre du printemps, tableaux de la Russie païenne en deux parties
Maurice Ravel
Shéhérazade, trois poèmes pour chant et orchestre sur des vers de Tristan Klingsor
Edgar Varèse
Arcana, pour grand orchestre
Notre concert pourrait recevoir le titre parodique de «Sacre du tympan» tant les œuvres de Stravinski et Varèse font assaut de décibels. Véritable manifeste de la modernité, Le Sacre du printemps est un coup de tonnerre dans le ciel encore clair de 1913. En reprenant le grand orchestre mahlérien, Stravinski casse la baraque avec un génie insolent.
La magie du cycle Shéhérazade de Maurice Ravel viendra à propos calmer les esprits en apportant sa touche d’exotisme. L’immense déflagration du Sacre du printemps a touché de nombreux compositeurs en faisant des émules.
Créateur solitaire et incompris, Edgar Varèse dépasse encore le gigantisme orchestral du Sacre avec Amériques pour 142 musiciens, suivi par Arcana qui en exige 120. L’œuvre porte en exergue une citation de Paracelse: «Une étoile existe plus haut que tout le reste: l’imagination, qui donne naissance à une nouvelle étoile et à un nouveau ciel.» Avec ses éclats sonores à la limite de la saturation, c’est la plus solaire et la plus tonique des œuvres de Varèse, la seule dans laquelle s’entendent des réminiscences, comme si son auteur voulait sortir de l’anonymat et du mépris pour se mesurer aux créateurs de son temps.