Esther Brinkmann est une des figures marquantes du bijou suisse. Elle a été honorée par le prestigieux Prix Culture et Société de la Ville de Genève en 2015, cité où elle a fondé en 1987 la section Bijou et objet à la HEAA – plus tard département Design bijou et accessoire de la HEAD – qu’elle dirigea jusqu’en 2005. Elle posa les bases d’un enseignement supérieur en bijou unique en Suisse, qui a formé une relève active dans le monde entier.

L’inspiration lui vient en explorant des matériaux qu’elle qualifie de commun: fer, aluminium, plastique, caoutchouc, textile. L’or, l’argent et les pierres précieuses cependant ne sont pas en reste - pour mieux les détourner, les anoblir par le geste du bijoutier. De tous les bijoux c’est la bague qu’elle préfère, objet tridimensionnel par excellence qui influence la gestuelle de qui la porte.

Elle ne dit pas toujours écrin mais souvent «contenant», le choix de sa forme est induit par le bijou qui va s’y loger. Elle installe des correspondances entre l’intérieur et l’extérieur, des affinités, ou des dialogues. Ce fut très tôt une évidence pour Brinkmann de donner un lieu de sommeil ou de protection au bijou. C’est aussi un chemin de découverte grâce aux gestes qui précèdent et accompagnent le moment de mettre le bijou, la décision de se parer d’un objet compagnon à la fois si personnel et offert au regard de l’autre.
(F.-X. Sturm, conservatrice honoraire du Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie Genève)