De tous les lieder que Robert Schumann a composés durant la prodigieuse année 1840, les Douze Poèmes de Justinus Kerner sont les premières mélodies à voir le jour après le mariage tant désiré avec Clara. Suite à leurs noces célébrées le 12 septembre, Robert doit attendre novembre pour voir son inspiration lyrique rejaillir. « Clara en a éprouvé beaucoup de joie, mais aussi de la peine, car il lui faut subir mes silences ou mes absences; mes lieder sont à ce prix ». L’univers poétique de Kerner infléchit le style de Schumann dans cet opus 35 vers un ton et une atmosphère musicale bien différents de ceux des célèbres opus sur les poèmes de Heine et d'Eichendorff ou du bouquet varié des Myrten. Les Douze Poèmes de Kerner forment un chef-d’œuvre moins connu que les autres grands cycles, mais non moins sublime.
S’il est un compositeur qui a cherché à cerner et rassembler l’univers d’un poète de façon quasi anthologique, c’est bien Hugo Wolf avec les poèmes d'Eduard Möricke. Möricke, que certains considèrent comme « le plus fin tempérament lyrique depuis Gœthe », a inspiré pas moins de 53 lieder à Wolf, tous plus accomplis les uns que les autres. On raconte que le volume des poèmes de Möricke ne quitta pas un seul jour les poches de Wolf, jusqu’à l’internement du compositeur. Les dix lieder de ce programme Reverdie comptent parmi les pages les plus réussies du dernier grand mélodiste allemand.
Le baryton Daniel Ochoa et la pianiste Edith Tagle forment un duo depuis plus de 20 ans. Nul doute que ces deux artistes sauront restituer à merveille l’esprit de ces chefs-d'œuvre du genre. La musicologue Hélène Pierrakos, spécialiste reconnue de cette époque – auteure de l’ouvrage de référence L’ardeur et la mélancolie: voyage en musique allemande – vous présentera ce programme à 19 heures dans la salle.