Après l’exploration, l’an dernier, des chefs-d’œuvre de jeunesse de Bach et de la musique vocale et instrumentale de Buxtehude en octobre, il était logique et séduisant de juxtaposer, de confronter les pièces pour orgue de Bach aux modèles potentiels de Buxtehude…
En 1705, Bach, alors en poste à Arnstadt, demande un congé pour se rendre à Lübeck et y apprendre « une ou deux choses sur son art ». Ce voyage de 450 kilomètres, parcourus à pied, était censé durer quatre semaines. Il lui fut reproché d’avoir été quatre fois plus long et de faire, à son retour, toutes sortes de « variationes » étranges dans les chorals et des modulations qui troublaient l’assemblée…
Buxtehude avait connu pareilles récriminations à Sainte-Marie, mais les autorités de la ville décidèrent, devant la renommée de leur organiste, d’afficher le numéro des chorals, car « presque personne ne pouvait reconnaître la mélodie d’après le prélude d’orgue » et de le laisser libre.
Si l’on n’a pas de copies de la main de Bach, les manuscrits réalisés par son entourage proche représentent plus des deux tiers des œuvres pour orgue de Buxtehude qui nous sont parvenues aujourd’hui… Il est fascinant de retrouver son influence majeure, dans le langage, les formes, les audaces des pièces que Bach a composées à son retour et pendant quelques années.
Je présenterai ainsi la fameuse Passacaglia BWV 582 et celle de Buxtehude, BuxWV 161, des préludes et fugues, des chorals audacieux et splendidement ornés et des pièces grandioses comme la Toccata et fugue dite « dorienne » et la Fantaisie et fugue BWV 542 qui, tout en restant ancrées dans cet héritage, annoncent la liberté et la créativité sans limites du Bach de la maturité.
Je vous donne rendez-vous pour l’occasion précieuse de rencontrer ces deux génies et d’écouter ce que l’orgue compte parmi ses plus grands chefs-d’œuvre…
