Le fonctionnement de notre société a été organisé pour servir au mieux l’économie, le dogme, la reproduction. Le corps de la femme aussi. La Chair est un texte qui, à la faveur du genre de la fiction, porte ce processus jusqu’au terme d’une humanité qui s’assèche et se stérilise de ne plus pouvoir se rencontrer. À cette nouvelle (surréaliste ? dystopique ?) de Louise Lemoine Torrès répond l’œuvre picturale d’Élizabeth Prouvost, qui démantibule le corps humain, insinue le chaos dans les rouages de la machine morphologique et, de l’intérieur, la dysmorphise.
À l’occasion de la sortie du beau livre La Chair, de Louise Lemoine Torrès – autrice et Élizabeth Prouvost – dessinatrice, aux éditions Metropolis de Genève, nous avons la joie de vous présenter une exposition de quelques œuvres d’Élizabeth Prouvost et une lecture de certains fragments de cette nouvelle par Louise Lemoine Torrès. S’ensuivra la projection de son court-métrage, La Chair, réalisé pour ARTE avec la collaboration du cinéaste William Henne, ainsi qu’un moment d’échange entre le public et les artistes. Nous pourrons ensuite deviser ensemble autour d’une collation.
En vous espérant nombreux, curieux, et enthousiastes.

Biographie
Louise Lemoine Torrès
Après une enfance passée en Afrique et en Asie, elle est aujourd’hui comédienne, autrice et thérapeute. Et tout se rejoint. Elle publie la première bande dessinée sur la Naturopathie, écrit et réalise un pamphlet sur l’objectisation des femmes, prête sa voix à l’anthropologue judiciaire Temperance Brennan dans la série télévisuelle Bones, affronte le secret de la confession dans son rôle de juge, actuellement au Théâtre du Nord-Ouest (Paris), et donne des conférences sur l’autonomie en santé.

Élizabeth Prouvost
D’abord cheffe opératrice dans le cinéma, elle découvre l’art de la photographie et fait sa première exposition, Déligatures, à la Galerie Jean-Claude Riedel. Depuis, elle a publié une vingtaine de beaux livres. Son travail n’a cessé de se concentrer sur le corps humain en mouvement, corps toujours (mis à) nu à la recherche d’un paradis perdu, qu’il soit de Dieu ou que le visite le Diable. Il s’inspire de la Madame Edwarda de Georges Bataille, la Marie-Madeleine de la Bible, les sculptures de Rodin, les naufragés du Radeau de la Méduse de Géricault, à L’Enfer de Dante. Viendront Les Chants de Maldoror de Lautréamont.

Éditions Metropolis
Les Éditions Metropolis ont été fondées en 1988 par Michèle Stroun et reprises par Marie Hasse en 2019, accompagnée d’Emeline Cusin depuis 2022.
La politique éditoriale peut s’énoncer ainsi : « Plutôt des “long-sellers” que des “best-sellers”». Par la littérature, les entretiens, les essais ou d’autres formes plus inclassables, les éditions Metropolis s’attachent à des voix authentiques resurgissant des entrailles de la ville ou des oubliés de l’Histoire. La rigueur d’une pensée ou du geste stylistique lui-même sont pour nous la première exigence, dont découlent toutes les autres. Nous marions le goût d’un certain clacissisme à une curiosité des démarches les plus subversives pour mieux entendre, dans sa polyphonie, le temps présent.