Geoffroy est resté coincé dans l’ascenseur de la vie. Inapte à s’accommoder d’une société qui, au fond, le lui rend bien, il semble tout droit sorti du Journal du Genevois Amiel, ou d’un roman absurdiste d’un autre genevois: Pierre Girard. C’est que Geoffroy est un « modèle de probité soucieux de donner satisfaction (…) qu’il s’agisse d’expédier des kakis en Norvège ou d’incarner la finitude.» Surexploité par son employeur, délaissé par sa petite amie Line, ridiculisé par son frère Alexandre, à qui la vie sourit, Geoffroy démissionne du cirque social – et de son travail. Planqué chez un maraîcher pour qui il trie des pommes, notre homme, par une suite de rebondissements mous et délicieux, se voit proposer de jouer un rôle dans une pièce de théâtre (expérimental) – va s’en suivre une série d’aventures picaresques à souhait ! Malicieux, ce premier roman de la Suissesse Catherine Logean est une réussite qui n’a rien à envier à ceux d’Emmanuel Bove ou de Jean-Philippe Toussaint. Les personnages sont attachants, bien dessinés, la critique sociale (et du théâtre) est intelligente, et évite les clichés en s’en moquant. Après tout, comme le lecteur le découvre dans ces pages, « les obstacles intérieurs, il faut pouvoir les confier à un ficus, qui dépérira à votre place » !