L'infini hante les hommes depuis qu'ils ont levé le regard vers un ciel bleu ou une nuit étoilée. En contemplant ce livre, sorte de lanterne magique projetant sur le mur une casi-infinité de constellations, on peut se demander quelle est la nature du lien entre ses auteurs, le champion du monde des échecs russe Vladimir Kramnik et l’artiste britannique Conrad Shawcross…
Les échecs permettent en effet d’élaborer une arborescence de combinaisons possibles qui se complexifie au fil de la partie. Chaque configuration de jeu offre une succession différente quasi-infinie de motifs. La reconnaissance de ces modèles géométriques est au cœur de l'effort des sciences cognitives.
Les configurations géométriques sont également au cœur de l’œuvre Patterns of Absence de Conrad Shawcross. L’artiste utilise les formes, le mouvement et la lumière pour questionner et redéfinir l’espace. Grâce à sa compréhension aiguë de la géométrie, Conrad Shawcross a réussi à créer pour le livre Library of Absence un dispositif qui, comme un jeu d'échecs, ouvre l'espace et le mystifie en projetant une quasi-infinité de configurations de motifs lumineux immersifs sur nos murs. L’un et l’autre créent dans ce livre, à travers la maîtrise de leurs pratiques respectives, d’autres mondes au sein de notre monde, et nous invitent à élargir notre vision.
Pendant cette soirée, Jacques Berchtold ne manquera pas de nous rappeler l’importance du jeu d’échec dans la vie de Jean-Jacques Rousseau, un jeu évoqué plusieurs fois par le Citoyen de Genève dans Les Confessions.