Le sol avec son sous-sol n’est pas une base inerte de nos constructions. Au contraire, elle est vivante et interagit autant avec l’atmosphère qu’avec le «matériel parental» de la Terre. Reconnu en sa substance et en les risques statiques, biologiques et écologiques que peut provoquer son utilisation erronée, le sol s’avère ainsi un point de départ essentiel pour toute approche vertueuse du projet. Des cas d’étude à Genève et à Oslo illustrent une nouvelle philosophie analytique et conceptuelle pour l’architecture, l’urbanisme et l’aménagement du territoire qui génère ainsi des pratiques en accord avec l’urgence de la transition écologique.
Anne Marte AURE
Architecte, chercheuse, ENSA Paris-Malaquais
La jungle sous ma maison: Le sol comme source d’une nouvelle approche territoriale sur la plaine de Romerike, Norvège
Au cours des cinquante dernières années, les risques liés aux conditions du sol autour de la capitale norvégienne ont été sous-estimés et sous-communiqués. Tel est le cas de la vaste plaine argileuse située à l’extérieur d’Oslo, autrefois immergée dans la mer, où se trouve aujourd’hui le principal aéroport norvégien. Bien que les travaux de construction et d’excavation dans l’argile marine provoquent d’importants glissements de terrain, le développement de Romerike s’accélère au profit d’un développement économique. Ce projet vise à y inciter un changement d’orientation, pour protéger aussi bien les êtres humains que les non-humains.
Maëlle PROUST
Collaboratrice scientifique au sein de la filière Architecture du paysage à HEPIA Genève
La planification du sol vivant: la cartographie 3D, un outil au service de l’urbanisme à Genève
Comment s’appuyer sur les sols vivants (pleine terre) pour maintenir les paysages (ouverts, non-construits et structurants) dans la planification urbaine genevoise? Ce travail est basé sur l’hypothèse selon laquelle le sol et son sous-sol sont plus qu’un simple volume sur lequel s’appuyer, car le sol interagit autant avec l’atmosphère qu’avec le «matériel parental» de la Terre. Le révéler contribuera à le (re)considérer comme une surface disposant d’une épaisseur pleine de significations pour une planification plus vertueuse. À partir du constat de l’absence adéquate de représentation du sol dans les disciplines de transformation de l’espace, il s’agit de mettre en lumière ces paysages vivants invisibles, habités par le vivant non-humain et façonnés par des décennies d’urbanisation. Se construit ainsi une base de connaissances par la création d’un outil de cartographie, à l’aide de logiciels de géomatique et de modélisation 3D et, surtout, la possibilité d’un aménagement du territoire où les sols reprendront leur juste place.
Panos Mantziaras, architecte-ingénieur, directeur de la Fondation Braillard Architectes
