L’artiste Katharina Hohmann et la designer Katharina Tietze ont récoltés au cours des 20 dernières années plus de 450 parés de denim!
La collection pose un certain nombre de défis aux domaines de l’art et du design. En ce qui concerne l’art, la collection expose jusqu’à un certain point ce que la théoricienne Sianne Ngai décrit comme « le relâchement de la tension entre l’art autonome et la forme marchandise », entre la curation et le shopping, la collection d’art et l’obsession de niche. Simultanément, ces objets – des créations sans auteur-e, pour la plupart produites en série – semblent revendiquer, dans l’ensemble, une place dans l’histoire du design, nous demandant de reconsidérer les valeurs qui le sous-tendent. À bien des égards, cette collection est le pire cauchemar du critique d’art Hal Foster, un cauchemar dans lequel « l’esthétique et l’utilitarisme, loin d’être seulement confondus, se sont aussi subsumés sous le commercial – ou chaque chose [...] en passant par les gènes et les jeans, semble être considérée comme du design ».
En arrachant ces objets aux cycles de consommation, la collection offre un moyen de réfléchir à l’art, au design et aux diverses accusations de complicité dont ils font l’objet. Qu’est-ce qu’une collection « vulgaire » d’objets enveloppés de denim révèle sur les deux domaines, sur leur relation et sur notre époque ? Quelles histoires, quels affects et quels récits la collection parvient-elle à « archiver » à travers eux ? De quelle manière pouvons-nous rendre compte de la violence qui sous-tend la production de ces objets fabriqués en série ? Quels sont les nouveaux récits qu’elle rend possibles ?