Virtuose éblouissant et compositeur visionnaire, Pietro Locatelli fut à la fois héritier de la grande tradition italienne du violon et expérimentateur intrépide des limites techniques et expressives de l’instrument. Formé dans le sillage de Corelli mais nourri des audaces vivaldiennes, il sut conjuguer l’élégance architecturale de l’école romaine avec l’énergie et la brillance vénitiennes, tout en y insufflant une inventivité qui annonce déjà le Sturm und Drang.
Le projet que nous vous proposons explore deux moments clés de son œuvre : les Concertos de l’Opus 1, écrits dans la première partie de sa carrière, et ceux de l’Opus 3, sommet de virtuosité et de raffinement. Le Concerto Op. 1 n° 11 témoigne d’un jeune compositeur affirmant déjà sa voix singulière, les Concertos Op. 3 n° 2 et n° 1, quant à eux, incarnent la maturité de Locatelli : l’écriture y déploie une virtuosité pyrotechnique au service d’une tension dramatique et d’une expressivité quasi vocale, rendue de manière magistrale par la violoniste Chouchane Siranossian.
Entre ces grandes fresques concertantes, un Trio qui offrira un contrepoint d’une tout autre nature : conversation chambriste, intimité sonore, alchimie délicate des timbres. La flûte fera aussi écho aux grands concertos pour violon avec un des rares concertos italiens pour traverso, composé par Galuppi.
Ce parcours, du faste public à la confidence privée, éclaire la double nature de Locatelli : poète et orateur, maître des effets spectaculaires comme des nuances les plus intimes. À travers ces pages, nous redécouvrirons un compositeur qui, tout en restant ancré dans la tradition baroque, ouvrit au violon des horizons nouveaux, jusqu’aux limites de l’imaginaire sonore.
