Opéra de Claudio Monteverdi
Dernière fois au Grand Théâtre de Genève en 2005-2006
Durée : approx. 2h45 avec un entracte inclus
Oeuvre
Maintenant qu’il nous est permis d’espérer de voguer un peu plus sereinement, nous allons pouvoir compléter le dernier tiers de la trilogie Monteverdi qu’Iván Fischer, lors de trop brèves escales, avait entamée. Après L’Orfeo et Poppea, c’est Il ritorno d’Ulisse in patria, le moins connu des trois opéras survivants de Claudio Monteverdi, qui complétera le périple en nous amenant vers Ithaque.
L’œuvre a souffert du fait d’avoir été redécouverte à l’époque moderne sous la forme d’une partition manuscrite incomplète et on a longtemps douté de l’authenticité de ce « vilain petit canard » montéverdien. La griffe du compositeur se reconnaît pourtant dans la variété de ses styles musicaux : les formes à la mode de l’arioso, des duos et des ensembles y côtoient les récitatifs déclamatoires de la seconda prattica développés dans L’Orfeo. Avec une rare éloquence, il développe les caractères, sentiments et émotions des nombreux personnages, divins et humains, pour réaliser le volet le plus tendre et émouvant du triptyque. Après son long voyage de retour de Troie, Ulysse rentre enfin à Ithaque où un trio de prétendants malveillants importune sa fidèle épouse Pénélope. L’homme aux mille ruses est face à son ultime défi : faire triompher la constance et la vertu sur la trahison et la tromperie.
Après l’Énéide revue par Purcell et réinventée par Peeping Tom, il nous fallait un autre célèbre collectif dramatique belge déjanté pour se mesurer à L’Odyssée. Fondé en 2008, FC Bergman s’est très vite fait remarquer par son langage théâtral anarchiste, légèrement chaotique, mais très évocateur et poétique. Par une imbrication ingénieuse de cinéma et de théâtre, de jeu d’acteur et de scénographies stupéfiantes, ils racontent, parfois sans paroles, un monde où les humains se battent en vain contre les moulins à vent de leur existence. Le sujet d’Ulysse, naufragé à répétition sur son chemin de retour, semble être tout désigné pour ce groupe qui réunit, selon un critique, « le naturalisme mystique de Romeo Castellucci, l’absurdisme mélancolique de Christoph Marthaler, et la dynamique dansante de Pina Bausch ». En 2018, lors de leur première escapade à l’opéra avec Les Pêcheurs de perles, ils ont marqué avec succès Anvers, Luxembourg et Lille. Il est logique que la suite de cette odyssée fantastique se fasse à Genève. Après avoir joué le jeu d’une relecture en profondeur du Sérail, Fabio Biondi nous revient, épaulé cette fois par son ensemble Europa Galante, pour une interprétation d’Ulisse que nous espérons voir susciter autant de passions… En tête de la grande distribution de spécialistes, dans le rôle-titre le charismatique ténor anglais bien connu des fans du baroque, Mark Padmore et en Pénélope, la fulgurante Sara Mingardo, inoubliable Neris de Medea au GTG en 2015.
Distribution
Direction musicale : Fabio Biondi
Mise en scène et décors : FC Bergman
Costumes et accessoires : Mariel Manuel
Lumières : Ken Hioco
Dramaturgie : Luc Joosten
Assistant direction musicale : Luca Quintavalle
Assistant décorateur : Luc Galle
Direction des chœurs : Alan Woodbridge
Ulysse / L’Humaine Fragilité : Mark Padmore
Pénélope : Sara Mingardo
Télémaque : Jorge Navarro Colorado
L’Amour / Mélantho : Julieth Lozano
Eumée : Mark Milhofer
Eurymaque : Omar Mancini
Euryclée : Elena Zilio
Junon / La Fortune / Minerve : Giuseppina Bridelli
Neptune : Jérôme Varnier
Jupiter : Denzil Delaere
Amphinome : Sahy Ratia
Pisandre : Vince Yi
Antinoüs / Le Temps : William Meinert
Chœur du Grand Théâtre de Genève
Ensemble Europa Galante
*Représentation «Glam Night» : le 2 mars !