Matthias Goerne baryton
Alexander Schmalcz piano
Franz Schubert – Die schöne Müllerin (« La Belle Meunière »), op. 25 / D 795
«Il me semble parfois que je n’ai pas du tout appartenu à ce monde.» Ces paroles de Schubert, souvent citées, sont peut-être apocryphes, mais elles pourraient bien servir d’épigraphe au récital d’un seul service du baryton allemand et grand seigneur du lied Matthias Goerne : Die schöne Müllerin.
Avec son timbre sombre et profond et son penchant pour les tempi lents, Goerne propose une relecture pleine de discernement de l’histoire tragique du compagnon meunier. Il nous chantera des visions d’une intense mélancolie où le jeune rêveur introverti, dangereusement hypnotisé par le ruisseau du moulin, est déjà à moitié amoureux de la mort secourable. La gamme des émotions est large – l’exaltation, la fureur frénétique, l’amertume d’un cœur stoïque – et les couleurs hantées et l’intensité hypnotique de la ligne de chant de Matthias Goerne sont la marque de son amour profond pour la beauté des mélodies de Schubert.
Son compagnon de la soirée est Alexander Schmalcz, dont la partie de piano porte une grande partie de la charge expressive de l’œuvre et ne saurait être qu’un simple accompagnement du chanteur. En effet, la musicalité d’Alexander Schmalcz va bien au-delà du piano: il a été l’orchestrateur de Goerne pour son récent album Schubert Revisited avec la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, un ajout remarquable à la collection de nombreux enregistrements du grand baryton.