L’originalité de cette pièce en un acte, créée à Lyon en 1770 et qui inspirera des générations de musiciens, est d’associer musique et déclamation parlée en les alternant ou les juxtaposant sans les fondre, comme à l’opéra.
En réalité, derrière cette forme nouvelle, se joue le rapport paradoxal que Rousseau entretient avec la musique. De manière à peine voilée, il y critique le bienfondé de la vocalité chantée. Il exprime ainsi des préoccupations qui lui sont chères, notamment liées à l’origine des langues.
En amont des représentations du concert-spectacle de Pygmalion à la Fondation Martin Bodmer, interprété par l’ensemble Archi Luminosi, la MRL réunit trois spécialistes pour nous éclairer sur cette œuvre résolument nouvelle : Jacqueline Waeber, musicologue réputée pour ses recherches sur l’œuvre musicale de Rousseau, Martin Rueff, professeur, et Olivier Bettens, récitant du spectacle Pygmalion. En leur compagnie, nous prendrons la mesure de ce mélodrame précurseur et de son influence, tout en le recontextualisant dans l’histoire des idées.