Mon dernier volet de la trilogie dramatique de Lorca, après “La Maison de Bernarda Alba” et “Yerma” interprétées au Théâtre des Grottes et Teatro Garagem (Lisbonne), sera profondément émouvant et visuellement saisissant, capturant l'essence poétique « NOCES DE SANG »
Le jour de ses noces, une fiancée disparaît avec son ancien amoureux. Sur cette simple trame, ce drame de l'honneur, Lorca brosse un portrait saisissant de la paysannerie andalouse : la possession de la terre, la richesse ou le dénuement, le mariage d'intérêt et la passion amoureuse, les rivalités, les règlements de compte et la loi du couteau. Au soleil meurtrier de Camus, Lorca oppose ici la lune maléfique. La lune est la mort, prenant ici les traits d'une vieille mendiante qui indique au couteau assassin le chemin du cœur qui devra saigner, comme en un sacrifice mythologique.
Dans l'exacerbation des sens, la fiancée, que tout destine à la frustration, en exaltant la toute-puissance du feu dévorant qui embrase son corps, revendique son droit à la liberté, qui est toujours, chez le dramaturge, la liberté d'aimer.
D'aimer à en mourir.
Dans un lyrisme exacerbé et le feu des passions, le poète dramaturge déroule les stances ardentes d'une Andalousie des terres brûlées et des cœurs mutilés.
Albert Bensoussan/Gallimard