Mais que s’est-il donc passé à l’orée des années 70 pour que le cinéma brille de mille feux aux quatre coins du monde ?
L’étincelle serait-elle venue de ces images de juillet 1969, celles d’un homme qui soulève pour la première fois un nuage de poussière lunaire ? Celles d’une planète bleue vue de l’espace ? On pourrait y voir comme une incitation à se sublimer. Se sublimer comme ces surdoués d’Outre-Atlantique qui jettent les bases, à coups de chefs- d’œuvre, de ce qui s’est profilé comme « le nouvel Hollywood ». De jeunes cinéastes, Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Steven Spielberg, Brian De Palma, Michael Cimino, mais aussi Milos Forman, John Boorman, Tobe Hooper, George A. Romero, Terrence Malick, pour n’en citer que quelques-uns, donnent une nouvelle impulsion au cinéma tout en s’inscrivant dans une continuité.
En Europe, les années 70 ont vu naître les œuvres visionnaires qui ont remis en question les conventions cinématographiques et ex- périmenté les structures narratives. En France, Jean Eustache écrit d’un seul trait l’après Nouvelle Vague ; en Belgique, Chantal Akerman devient une pionnière de la modernité cinématographique ; en Alle- magne Werner Herzog, Rainer Werner Fassbinder et Wim Wenders commencent des parcours qui laisseront une marque profonde et toujours visible dans le cinéma contemporain. Un peu plus à l’est, Andreï Tarkovski prouve qu’un rideau de fer ne saurait arrêter la circulation du talent et en Afrique, Djibril Diop Mambéty crée l’un des films qui restent à ce jour parmi les plus visionnaires du continent. Au Mexique, Alejandro Jodorowsky fonde un nouveau mysticisme avec des films qu’il serait réducteur de définir cultes, et au Japon, Akira Kurosawa rappelle qu’il n’en a pas fini avec les chefs-d’œuvre. Jusqu’en Suisse, où Alain Tanner et Claude Goretta, entre autres, inscrivent notre pays dans cette vague de modernité.
Après les Années 80, les Années 90, voici donc les Années 70. Et des chefs-d’œuvre, il y en aura aux Cinémas du Grütli. Une pluie, un torrent, d’éclats et d’étoiles venus illuminer les écrans des salles Michel Simon et Henri Langlois, jusqu’au 22 août 2023.
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