Depuis son premier livre, En finir avec Eddy Bellegueule –un uppercut qu’il publie alors qu’il a à peine 21 ans–, Édouard Louis poursuit une œuvre réaliste, où la dimension autobiographique vise à partager une expérience collective : celle de la violence des classes et de la domination.
Dans ce récit initial, il raconte son enfance humiliée, ses origines ouvrières et l’intolérance face à son homosexualité. Après le retour sur l’enfance, il aborde la relation difficile avec son père dans Qui a tué mon père; puis la figure de sa mère, sombre et opprimée par la pauvreté et la domination masculine dans Combats et métamorphoses d’une femme, mère qui finit par fuir et s’émanciper d’un homme violent dans Monique s’évade. L’effondrement, son dernier livre, est consacré à son frère ainé qui cherche à déjouer la misère en se rêvant artisan mondialement reconnu. À 38 ans, il est retrouvé mort sur le sol de son petit studio.
Dans une veine sociologique héritée de Pierre Bourdieu et de Didier Eribon (des références revendiquées), il témoigne ainsi de la violence sociale, de la misère, de l’exclusion et de l’injustice dans une France postindustrielle et sinistrée par la fermeture des usines – des thèmes récurrents dans ses textes.
Édouard Louis est aujourd’hui, à 32 ans, un écrivain de renom. Il a franchi les classes sociales, s’est extrait de son milieu familial, a changé de nom, transformé sa manière d’être, de se tenir, de parler ; s’est formé à la sociologie à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris où il vit actuellement.
Il y a dans son œuvre un formidable appel à l’émancipation et à l’authenticité: pour celui qui est devenu Édouard Louis, construire son personnage est une manière de choisir sa vie et sa vérité intime.